jeudi 27 juin 2013

In memoriam Rády Krisztina...


31 janvier 2010
Je ne suis pas une habituée de Paris Match, sauf peut-être dans les salles d'attente de dentistes ou chez le coiffeur. Tout en assumant ma dose de futilités qui m'incite, de temps en temps, à m'abîmer dans un Marie Claire ou une revue de déco pour une bouffée de légèreté, une page de prévisions planétaires auxquelles je ne crois pas du tout, mais qui me redonnent la pêche si elles sont favorables !... Paris Match me rebute par sa soif du sensationnel qui transforme le malheur en scoop, flattant notre voyeurisme malsain... même s'il y a pire sur le marché.
   Ces quinze derniers jours, je l'ai acheté deux fois. Quelque chose que je m'explique mal, m'attire irrésistiblement vers ces pages, même si, j'en suis certaine, elles ne m'apprendront pas davantage mais me rapprocheront d'elle. De Krisztina.
   Qui connaît le nom de Krisztina Rády ? Et si je dis qu'elle est (était) la femme de Bertrand Cantat et la mère de leurs enfants ? Le dimanche 10 janvier, elle s'est pendue dans leur maison de Bordeaux, juste au-dessus de la chambre où son mari était en train de faire la sieste. Elle avait 41 ans.
  
 Le suicide est un geste tragique qui nous surprend toujours et nous culpabilise par son mystère. Il se commet dans une extrême solitude, que l'on soit entouré ou abandonné. Appel au secours ou acte de désespoir sans retour. J'ai toujours refusé de le qualifier de "lâcheté", à l'instar de certains moralisateurs. Même si la vie est difficilement supportable, il faut une dose de courage hors du commun pour accomplir ce saut dans le vide absolu.
   Krisztina Rády était Hongroise. Elle a choisi la double nationalité, tout comme moi, par fidélité. On ne peut pas renier sa famille, une bonne partie de sa vie. Elle a adopté la France comme la France l'a adoptée. Elle a oeuvré sans relâche pour le rapprochement, la découverte mutuelle des deux cultures, en organisant des festivals de musique, en traduisant et adaptant des oeuvres. Elle était admirable d'énergie déployée, de talent à rapprocher les gens, d'un sens inné de contact chaleureux et stimulant.
   Je ne veux pas m'étendre sur le coup de foudre qui a éloigné son mari ni sur le drame de Vilnius, sur son statut d'icône de la femme bafouée qui soutient son mari avec une dignité sans faille. C'est la façade pour le monde extérieur avide de sensations qui ne doit pas se repaître des détails intimes. J'ai lu la postface à la traduction hongroise faite par elle, de Persepolis de Marjane Satrapi. Son portrait écorché et enthousiaste transparaît à travers les lignes et l'acte du désespoir ultime devient moins opaque...

   Bizarrement, la première chose qui m'était venue à l'esprit au choc de la nouvelle : en Hongrie, championne du suicide, la méthode favorite reste la pendaison...
 

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